De la crise climatique à la cuisine de ma Frat’
Cela fait 30 ans que les actions pour le climat voyaient le jour. Enfin, non ! Plus exactement, c’est en 1992, qu’avait lieu à Rio de Janeiro, la convention des Nations unies sur les changements climatiques et le premier traité international sur la question est entrée en vigueur il y a 30 ans, en 1994. Donc plus de 30 ans que naissait ce sommet international pour que les dirigeants se penchent sur la question du changement climatique et tentent d’agir.
Et nous dans tout ça ?
Pour ceux qui militent de quelques façons que ce soient autour des questions écologiques, c’était un pas en avant. Mais réellement, aujourd’hui, dans nos petites vies quotidiennes, pour moi qui depuis plus de 50 ans à m’intéresser aux questions environnementales, je trouve que ça commence à faire long, toute une vie active à agir, à espérer, à essayer d’éduquer à l’environnement, à tenter d’initier d’autres à un mieux et un moins consommer. J’avoue que parfois ça me fatigue de voir le peu de résultats.
Oui, je sais qu’il y a eu quelques progrès.
Je pense par exemple à l’interdiction des gaz aérosols qui contribuaient à la destruction de la couche d’ozone qui protège notre terre des UV. Je revois l’étonnement d’une dame dans une activité que j’animais dans les années 80, dans un centre social où je travaillais alors, qui ne comprenait pas, lorsque j’expliquais la nocivité des aérosols, que nos dirigeants puissent, même s’ils savaient que c’était mauvais pour la terre, de continuer d’en autoriser la production et la vente. Que dire aujourd’hui de l’autorisation d’utilisation du glyphosate ? C’est vrai qu’en 50 ans, j’ai vu le développement des énergies renouvelables, la fermeture de centrales thermiques et aussi un semblant de meilleur contrôle des émissions de gaz par des gestes au quotidien y contribuant comme la mise en place du tri des déchets. La petite commune d’où je suis originaire, faisait partie des deux premières communes de la communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard, à tester le tri sélectif, avec les premiers bacs à verre vers 1975, puis vinrent les bacs à autres recyclables les années suivantes.
Pourtant, aujourd’hui encore, je m’interroge sur les habitudes du quotidien ?
Je ne reviendrai pas sur les échecs des politiques à tenir leurs engagements à ces sujets au niveau mondial, ni sur les raccourcis du quidam qui dit que ce n‘est pas son affaire, car ce n’est pas à lui de faire attention, en réduisant l’utilisation de sa voiture alors qu’un paquebot, une usine ou un avion utilisent bien plus qu’une année d’utilisation de son véhicule. Mais je voudrais revenir juste sur ce que nous essayons de faire dans nos fraternités au quotidien. Depuis bientôt 10 ans, je m’investis dans ma frat’, en essayant de transmettre des valeurs de développement durable, d’éduquer au mieux consommer en essayant de faire réduire la consommation d’eau, en récupérant des légumes et produits dates courtes pour cuisiner les repas partagés de notre association, en n’utilisant le moins possible des nappes en papier, en gérant au mieux un chauffage énergivore au fioul, dans des bâtiments peu isolés à notre disposition.
À la Frat’Aire, nous avons essayé d’agir
Nous avons participé « au jeûne pour le climat » et proposé des animations de rue avec un quiz autour des questions climatiques. Nous avons reçu des personnes venues nous parler du tri sélectif à plusieurs reprises, de la gestion de l’eau potable, de la consommation d’énergie, du covoiturage … Mais, cela a-t-il fait avancer les mentalités ? Comment faire pour qu’une personne qui a du mal de boucler les deux bouts tous les mois, pour qu’une autre qui se débat dans des problématiques sociales ou juridiques, ait assez d’espace de réflexion et d’intérêt pour se pencher sur sa consommation énergétique au quotidien ou sur son impact carbone ? Que faire en voyant une personne jeter au hasard dans l'une des poubelles de notre frat’, un détritus sans se poser même la question de savoir dans quelle poubelle le mettre, et ce malgré les interminables rappels d’utilisation des différents bacs ? Que dire en voyant des personnes sans ressource continuer d’acheter de l’eau en bouteille et d’autres produits transformés, chers et inutiles, juste parce qu’ils en ont vu la publicité à la télé ? La télé ! Parlons-en, que faire pour faire comprendre que la leur qui est allumée en permanence, et ce même si personne ne la regarde, consomme pour rien de l’électricité, en plus d’affecter les apprentissages cognitifs de leurs enfants ? Que dire à ceux, dont les radiateurs sont allumés dans toutes les pièces de leur appartement, même avec les fenêtres grandes ouvertes, et qui viennent pleurer sur leurs factures d’énergie ? Que faire en voyant des personnes venant du même endroit dans notre frat’, parfois chacun seul dans sa voiture, sans se poser la question de s’organiser avec les autres pour du covoiturage ?
Oui parfois j’avoue que je désespère …
Devant notre inefficacité à faire évoluer les consciences et à faire bouger les marges. Mais alors que devons-nous faire ? Peut-être que nous devons encore et toujours continuer à informer et à expliquer, en adaptant à chaque fois en fonction des habitudes de nos publics et parfois de leurs pratiques culturelles. En essayant d’aborder les effets écologiques, mais en calculant ensemble les économies financières individuelles, pour que cela soit aussi plus parlant pour ceux qui ont du mal à s’en sortir. Mais je reste persuadée que nous devons faire plus aussi, en redonnant du pouvoir d’agir, parfois il faut le dire aussi à des personnes sans repère qui sont accueillies dans nos fraternités, en leur permettant de partager des pratiques par des débats d’idées et en s’informant mieux. C’est en contribuant à éduquer à une citoyenneté active que peut être demain, de nos frats des participants pourront interpeler des décideurs, agir auprès des élus ou oseront faire remonter des idées, en contribuant à agir eux aussi directement sur leur environnement de vie, en prenant en compte leur responsabilité. C’est un peu idéologique ! Peut-être, mais comme il faut un début à tout, la responsable de l’équipe cuisine que je suis, veut juste rappeler que dans notre frat’ :
• Il y a des bassines pour la vaisselle, donc s’il vous plait, ne laisser pas couler l’eau sans arrêt (et certains savent à quel point ça n’énerve parfois) ;
• Que nous invitons tous les participants à utiliser les poubelles de tri sur lesquelles nous allons indiquer à nouveau quels déchets elles peuvent contenir par des dessins pour que tous puissent comprendre ;
• Que nous proposons des ateliers cuisine dans lesquels nous travaillons des produits de saisons et des produits donnés pour les transformer en délicieuses confitures ou conserves et surtout, qu’il n’y a pas meilleure soupe que celles que nous faisons avec nos légumes moches, aussi parce que nous partageons ensemble dans la bonne humeur !
Véronique MEGNIN, bénévole à la Frat’Aire de Grand-Charmont-Pays de Montbéliard.
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