Rencontre avec Amélie Franco
Depuis quelques mois, Amélie Franco a rejoint la Mission Populaire pour coordonner l’accompagnement de la vie spirituelle. Théologienne de formation, passée par la Ligue Vivre la Parole puis par l’ONG interreligieuse GreenFaith engagée pour la justice climatique, elle relie dans son parcours foi, écologie et engagement social. Aujourd’hui, elle souhaite ouvrir des espaces où les Fraternités puissent accueillir la pluralité spirituelle comme une richesse commune, au croisement du politique, du social et du spirituel. Rencontre avec Amélie pour découvrir ses motivations et sa vision de cette nouvelle mission.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ton parcours et ce qui t’a amenée à rejoindre la Mission Populaire ?
Après mon Master en théologie j’ai travaillé durant 6 ans à la Ligue Vivre la Parole en tant qu’animatrice et formatrice. Au moment du Covid j’ai eu une prise de conscience de l’urgence à s’engager pour le climat. J’ai alors décidé de partir à vélo en itinérance durant 3 mois afin de visiter des lieux alternatifs inspirants. Ce pas de côté m’a poussé à repenser ma conception de l’écologie et d'y percevoir une dimension plus complexe et intersectionnelle. J’ai donc postulé et été recrutée au sein d’une ONG interreligieuse pour la Justice climatique : GreenFaith. Ce qui m’a permis de nourrir mon besoin d’agir au niveau international et global tout en étant ancrée dans ma spiritualité. J’ai ensuite été invitée par Stéphane Lavignotte comme intervenante pour la Mission Populaire au sein des sessions de formation à l’animation spirituelle. C’est à cette occasion que j’ai découvert l'association avec laquelle je me sentais parfaitement alignée et que j’ai fini par rejoindre en tant que coordinatrice de l’animation spirituelle.
Qu’est-ce qui t’anime particulièrement dans l’accompagnement spirituel au sein des Fraternités ?
Je suis très sensible au triptyque de la Miss Pop : Politique, Spirituel, Social. J’aime voir comment chaque Fraternité l’incarne à sa manière avec des contextes et des publics spécifiques.
Quelle place vois-tu pour la dimension spirituelle dans la vie quotidienne des Frats et auprès des personnes accueillies ?
La place de la dimension spirituelle dans la vie des Frats et auprès des personnes accueillies est, à mes yeux, plurielle.
D’abord politique, parce que la laïcité, loin d’être une mise au silence, peut devenir un espace de parole où chacun·e peut dire d’où il ou elle parle, sans crainte. Réinvestir la laïcité, c’est refuser qu’elle serve à opposer ou hiérarchiser les croyances, et en faire au contraire un lieu de rencontre et de liberté. La laïcité, telle que j’aimerais la vivre ici, c’est celle qui invite à dire sa foi, ses doutes, ses héritages, sans craindre d’être réduit à cela.
Ensuite spirituelle, comme ce « puits intérieur » dont parlait Etty Hillesum, qu’il faut continuer à creuser pour ne pas laisser la source se tarir. C’est ce travail-là que peut être l’animation spirituelle : nourrir en soi et entre nous une ressource de sens, de paix, de lucidité, pour habiter le monde « ici-bas » sans s’y résigner. Cette compréhension de la dimension spirituelle est d'ailleurs profondément politique : au sens de la *polis*, de la vie commune. Offrir un lieu où chacun·e puisse être accueilli·e aussi dans sa quête, dans ses fragilités intérieures, c’est déjà résister à un monde qui nous pousse à la fermeture, à la performance ou au désespoir.
Enfin sociale, parce qu’elle nous invite à sortir d’une logique individualiste pour reconnaître en chaque personne un être profondément relationnel, tissé de liens. Dans ces temps collectifs où le sens se partage, l’humain retrouve sa juste place au cœur du vivant et du commun. Comme l’écrit Baptiste Morizot, il s’agit de « réapprendre à faire société avec tout ce qui vit ». Ou encore, pour reprendre « Je est un nous », redécouvrir que notre humanité se construit dans et par la relation, dans ce mouvement d’accueil réciproque qui fait tenir le monde ensemble.
Qu’aimerais-tu apporter à la Mission Populaire dans ce nouveau rôle ?
Mon ambition n’est pas tant d’apporter quelque chose, mais ouvrir des espaces pour que chacun puisse s’apporter à lui-même et aux autres. Réfléchir ensemble aux manières d’accueillir la pluralité spirituelle comme une richesse, un commun, une ressource partagée, capable de relier les luttes sociales et les quêtes intérieures. Et rappeler, modestement, que la spiritualité, c’est aussi une forme de résistance : celle qui refuse la résignation.
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