MESSAGE DE PÂQUES
C’est dans un jardin, au lendemain du grand shabbat de la Pâque, le premier jour de la semaine, que tout arrive. Marie-Madeleine se rend au tombeau où elle découvre la pierre roulée. Elle court avertir Simon-Pierre et Jean qui, à leur tour, s’élancent au tombeau… pour le découvrir vide. Ils sont donc trois à s’être rendus dans le jardin ce matin-là :
- Marie-Madeleine, qui donne au tombeau vide une explication tout humaine : « Ils ont enlevé le Seigneur et nous ne savons pas où ils l’ont mis. »
- Pierre qui n’y comprend rien, l’Évangile de Luc nous le rappelle lui aussi : Pierre est tout perplexe à la vue du tombeau vide.
- Et Jean. Qui voit et croit.
On peut légitimement se demander ce qu’il a vu qui lui permet, à lui, de croire. De croire que le Christ est ressuscité. Qu’il est vivant. Qu’est-ce qu’il a vu ?
Eh bien, je crois qu’il n’a rien vu d’autre que ce que les autres ont vu. Il a vu la pierre roulée comme Marie-Madeleine l’a vue. Il a vu le tombeau vide. Les bandelettes et les linges à leur place, comme Pierre les a vus. Mais Jean les voit autrement, parce qu’il est le disciple que Jésus aimait nous dit l’Évangile. Le disciple que Jésus aimait ? Est-ce que cela veut dire que Jésus aimait plus ce disciple que les autres ? D’accord, Jésus a été vrai homme et il est possible qu’il ait eu des atomes crochus, une proximité plus grande avec ce disciple-là. Mais cela signifie peut-être aussi autre chose, à mes yeux cela veut dire que ce disciple-là est celui qui s’est le mieux laissé aimer. Celui qui a le mieux accueilli l’amour du Christ. Et c’est de se savoir aimé, d’être aimé, qui lui permet de voir les choses autrement, parce qu’il les voit avec les yeux de l’amour reçu. Il a dû saisir qu’il n’était pas possible qu’on ait enlevé le corps de Jésus et que le linge comme le linceul soient restés en place tels quels.
C’est un signe : il voit et il croit. Ces signes-là, pourtant, Pierre les a vus, mais ils ne lui ont rien dit, ils ne lui ont pas parlé. Pierre ne voit que l’absence. La preuve, chers amis, qu’aucun signe n’est capable de donner la foi à quelqu’un qui ne croit pas. Et pour croire, il faut quelque chose de plus. Quelque chose qui est justement à chercher du côté de l’amour.
Du reste, réfléchissez à vous : nous ne voyons pas l’amour de ceux qui nous aiment. On n’en voit que les signes. Qu’il faut savoir déchiffrer toujours… non sans risque d’erreur parfois. Pourquoi m’a-t-il dit cela ? Comment comprendre son geste ? Tous, tôt ou tard nous avons dû faire l’expérience d’un signe mal compris, d’un geste mal reçu ou d’une parole mal interprétée, alors qu’on voulait être proche. Il faut beaucoup d’amour pour que les messages échangés soient perçus dans leur pleine et juste signification. Mais alors, quand il y a cet amour, les signes parlent. C’est pour cela que la pierre roulée, le tombeau vide, les linges bien rangés n’ont été compris que par celui qui s’était laissé aimer et qui croit, dès cette heure-là, que le Seigneur est vivant. Non pas qu’il est revenu à sa vie d’avant, mais qu’il est vivant de la vie de Dieu. Cette vie que Dieu veut donner à chacun d’entre nous. Cette vie qui nous est donnée par amour, parce que Dieu nous aime tous, et qui se reçoit dans l’amour. Et cette vie, on la voit surgir, quand un homme ou une femme sort du tombeau de sa rancune, de sa haine ou de sa violence. On la voit quand quelqu’un sort du tombeau de son égoïsme, du moi d’abord démesuré, qui écrase tous les autres, ou encore du culte de soi, tellement à la mode. Cette vie, on la voit lorsque quelqu’un se dégage du tombeau de ses échecs, ou alors quand on parvient à sortir de ses peurs.
À l’aube du monde, dans la genèse des tous débuts, tout a commencé dans un jardin, en Éden, et tout recommence dans un jardin à Pâques, mais les données ne sont plus les mêmes, car nous savons depuis Pâques que Dieu veut ses bien-aimés vivants, qu’Il les veut auprès de Lui. Et si nous nous laissons aimer, alors nous pouvons croire.... oui l’amour fait croire. Il permet de voir, il fait vivre…
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