[8 mars] Portraits de femmes inspirantes
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, la Mission populaire a souhaité mettre en avant 13 portraits de femmes inspirantes qui font vivre chaque jour le réseau de la Miss pop. Directrice de fraternité, bénévoles ou bénéficiaires, elles livrent à travers leur récit, leur rapport au mouvement de la Mission populaire et leur parcours au sein des Fraternités du réseau.
Bénédicte Berlingen, bénévole à la Fraternité de Rouen
“Je n'ai pas l'impression d'“aider”, mais plutôt de "faire partie" d'une communauté, d'un lieu où les vies se rencontrent”
Jeune retraitée et habitante récente du quartier Saint-Julien de Rouen, je me suis tournée naturellement vers la Fraternité, dont je connaissais l'existence par son lien avec la paroisse protestante, pour me “rendre utile”, démarche assez banale en soi. Je suis arrivée à la Fraternité en décembre 2022 et j'ai été frappé par l'engagement de certains bénévoles, présents depuis 10 ou 20 ans. Au regard de ce qu'ils font, mon propre engagement ne me paraît pas si important, mais, ce qui m'attache à la Fraternité, c'est aussi le fait que je m'y sente bien. Au départ, j'allais d'ailleurs au repas de l'amitié plus par "devoir", car je faisais partie du Conseil d’administration et cela me semblait normal, puis petit à petit, je me suis rendu compte que j'éprouvais un réel plaisir à participer à ce repas. J'y rencontre des gens très variés, nouveaux, que je n'aurais sans doute jamais côtoyés dans ma vie professionnelle, je découvre leurs richesses et leur parcours de vie si différents du mien. Je ne suis pas non plus indifférente à une sensibilité partagée avec certaines personnes appartenant à la paroisse protestante. Je participe au partage biblique de la Frat’ que je vois, là encore, comme une "porte ouverte" à toutes celles et ceux qui veulent venir échanger en toute liberté. Peu importe qui l'on est ou d'où l'on vient. Plutôt attirée au départ par l'enseignement du français aux étrangers, je me suis finalement engagée dans l'accompagnement scolaire, activité plus immédiatement accessible, où les bénévoles ne sont jamais trop nombreux, puis j'ai rapidement intégré le CA. Un an et demi après, je constate que je me sens maintenant réellement “concernée” par la vie de la Frat’. J'y ai fait la connaissance de nombreuses personnes, tout à la fois différentes et en même temps si proches et si naturellement familières. Je n'ai pas l'impression d'“aider”, mais plutôt de "faire partie" d'une communauté, d'un lieu où les vies se rencontrent, à l'image de la microsociété solidaire et diversifiée que l'on peut ardemment souhaiter dans un immeuble, une rue, un quartier, une ville…
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Paulina Waré, bénévole à la Fraternité du Picoulet
“Cet engagement me permet de voir le monde autrement, de découvrir d'autres personnes.”
Je suis arrivée d'Espagne en 1976, avec mon mari qui lui était français. Je suis arrivée au Picoulet par le biais de la paroisse protestante unie de Pentemont, car je faisais partie de l'Entraide et on nous a proposé un partenariat avec le Picoulet, c'est comme ça que je suis devenue bénévole dans ce lieu. Je suis bénévole au Picoulet depuis maintenant une douzaine d'années. Je m'occupe, avec d'autres, de l'accueil café. Nous accueillons les gens, notamment ceux qui attendent un rendez-vous avec l'écrivain public, et nous leur proposons du café, des jeux, des activités. J'ai toujours fait du bénévolat même quand j'étais en Espagne. Au Picoulet, je trouve l'ambiance conviviale et fraternelle et surtout rigoureuse et efficace grâce à son directeur et á l’équipe des salariés. Cet engagement me permet de voir le monde autrement, de découvrir d'autres personnes. Je trouve les bénévoles et les salariés très dévoués, et le bénévolat, c'est quelque chose qui me tient vraiment à cœur.
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Esther, bénéficiaire de la Fraternité de La Rochelle
“J’ai besoin de prendre du recul, de trouver un lieu refuge et un secteur ressourçant.”
Après des études d’ingénieur agronome, j’ai exercé pendant quelques années dans ce secteur, à Lorient. Mais j’ai rapidement eu un sentiment d'enfermement et n’était pas réellement épanouie. J’ai donc démissionné et ai choisi de voyager pendant. Avec mon compagnon, nous avons visité l’Amérique du Sud, Tahiti, Los Angeles, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Indonésie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, le Sri Lanka et le Vietnam. On a quitté une situation stable pour cette belle aventure qui était un rêve depuis toujours. On en a retiré une plus grande ouverture d'esprit et on a pu profiter de ce temps pour prendre conscience de notre environnement. C’est à ce moment-là que je suis devenue végane. À notre retour, j’ai eu envie de me rapprocher de mes racines et nous nous sommes installés à La Rochelle. Difficile pour l’aventurière que je suis de m’installer dans une forme de stabilité. J’ai d’abord fait une saison dans la restauration en tant que commis de cuisine, puis ai occupé un poste de vendeuse. À 27 ans, je suis devenue maman d’une petite fille et me suis lancée dans l’auto-entrepreneuriat avec la création et la vente de biscuits végans. Deux ans plus tard, enceinte de mon deuxième enfant, j’ai souhaité plus de sécurité et ai pris un emploi salarié en tant qu’assistante de direction/ responsable qualité. Mais la charge mentale trop importante me plonge dans la dépression. J’ai besoin de prendre du recul, de trouver un lieu refuge et un secteur ressourçant. Je ressens le besoin de travailler avec mon corps et de voir la lumière du jour. Je rejoins donc le projet de maraichage de la Frat’ de La Rochelle. Aujourd’hui, je me passionne pour la permaculture et je souhaite travailler dans un maraichage pour approfondir mon expérience avant de monter mon propre projet axé sur de l'initiation à la production de plantes comestibles et l’agriculture vivrière.
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Corinne, employée à la Fraternité de Marseille
“Je devrai prendre ma retraite l’année prochaine, mais je continuerai à venir à la Frat’, en tant que bénévole.”
Je suis entrée à la Frat’ pour la première fois en 2007. À l’époque, j’étais à la recherche d’un lieu dans mon quartier, où je pourrais rencontrer du monde et pratiquer une activité qui m’intéresserait. C’est la responsable de l’atelier mosaïque qui m’a accueillie, et sa douceur m’a mise en confiance. J’ai donc fréquenté cet atelier, et rapidement j’ai aussi participé comme bénévole à la mise en place et au service des repas bihebdomadaires. À cette période, j’avais un projet de formation professionnelle comme assistante maternelle, mais je n’ai pas pu le réaliser faute de financement. C’est alors que la Frat’ m’a proposé un poste d’agent d’entretien, d’abord pour un remplacement, puis en contrat aidé. J’ai exercé cette activité jusqu’en 2012, où j’ai eu un accident du travail. Et c’est encore la Frat’ qui m’a aidée pour effectuer une reconversion comme agent d’accueil. J’occupe aujourd’hui encore ce poste pivot qui me met au contact de tous ceux qui y travaillent, y donnent bénévolement de leur temps, ou viennent simplement y chercher de l’aide ou une compagnie. Je devrai prendre ma retraite l’année prochaine, mais je continuerai à venir à la Frat’, en tant que bénévole. La boucle sera bouclée !
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Mélanie Mégnin, coordinatrice de la Frat’Aire du Pays de Montbéliard
“J’ai été accueilli sans jugement, avec un accompagnement adapté à mes capacités.”
Je suis une femme libre de 41ans, libre de mes choix et indépendante. Depuis mon plus jeune âge, mon caractère déterminé et ma volonté m’ont permis d’affirmer des convictions pour lutter contre les inégalités, pour défendre les droits de tous d’où mes engagements citoyen, écologique, politique et solidaire. Certes, ma vie professionnelle m’a conduit sur des chemins souvent sinueux ( CDD, remplacements, travail précaire), mais je pense que ces épreuves m’ont permis d’avancer en m’adaptant pour faire que le quotidien (le mien et celui des gens rencontrés) semble plus juste et en adéquation avec mes valeurs de solidarité et de fraternité. En 2015, la Frat’Aire du Pays de Montbéliard m’a ouvert ses portes, plus particulièrement le portail de son jardin, car à l’époque, je souffrais de phobie sociale, après des années d’instabilité professionnelle et j’avais beaucoup de difficulté à sortir de chez moi. Défricher et remettre en état le jardin de la Fraternité alors que j’étais moi-même en train de remettre de l’ordre dans ma vie, m’a permis de reprendre confiance en moi. J’ai été accueilli sans jugement, avec un accompagnement adapté à mes capacités. Je reprenais pied au contact des personnes accueillies et des membres de la Frat’Aire. Puis, on m’a confié l’animation d’un atelier, de la ressourcerie et, par la suite, j’ai bénéficié d’un contrat aidé en tant qu’animatrice socioculturelle. Aujourd’hui, je suis coordinatrice de l’association. Voici neuf ans que la Mission Populaire est rentrée dans ma vie, je ne remercierai jamais assez les personnes qui m’ont accompagnée et qui me soutiennent encore actuellement. Maintenant, j’accompagne, j’écoute et j’oriente des personnes qui sont passées par des parcours de vies difficiles, et encourage d’autres à partager leurs savoir-faire et leurs connaissances, tout en me souvenant de mon parcours personnel. Je suis convaincue que comme moi, chacun peut dépasser ses obstacles, pour trouver dans les fraternités de la Mission populaire, cette liberté d’expression et de valorisation des facultés, qui collectivement, contribuent à donner à chacun, d’être acteur engagé, pour le monde de demain.
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Isabelle Sagnard, présidente du Foyer protestant de La Duchère à Lyon
“J'aime l'idée que le monde vient à nous, à travers toutes ces personnes qui arrivent de tous les horizons”
J'ai grandi dans une région située entre la Haute-Loire et l'Ardèche, un endroit qui me permet encore aujourd'hui de me ressourcer grâce à la nature et à ma famille et qui me nourrit spirituellement. J'ai intégré le Foyer protestant de La Duchère à Lyon, il y a une dizaine d'années, en tant que bénévole écrivain public. Je peux ainsi satisfaire ma curiosité pour l'autre, dans ce lieu où l'accueil et l'écoute qui prend son temps sont privilégiés. J'aime l'idée que le monde vient à nous, à travers toutes ces personnes qui arrivent de tous les horizons, à nous de nous laisser “dé-placer” par les histoires personnelles que chacun.e porte en bagage et de lui permettre un temps où il ou elle pourra reprendre son souffle. Dans le même temps, j'ai assuré la fonction de présidente du conseil d'administration qui m'a beaucoup enrichie grâce à toutes les rencontres que j'ai pu faire dans ce cadre, à la solidarité, à la confiance qui m'a été donnée, qui m'a aussi rendue plus humble face à l'ampleur de la tâche jamais terminée. J'ai énormément appris sur le fonctionnement en coulisses d'une association. J'ai aimé les rencontres organisées par la Mission Populaire qui m'ont permis de découvrir sa diversité d'actions à travers toutes ses fraternités disséminées sur le territoire, et les échanges toujours chaleureux et généreux avec des personnes engagées.
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Ruba, bénévole à la Fraternité de Saint-Nazaire
“Après ce parcours mouvementé, nous retrouvons enfin l'apaisement.”
Je suis née en Syrie en 1989 et issue d'une famille comprenant deux sœurs et deux frères. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai travaillé dans une crèche. En 2014, je me marie et un an plus tard, je donne naissance à mon premier enfant, suivi d’un deuxième l’année suivante. La peur de la guerre en Syrie nous amène à quitter nos racines pour nous rendre au Venezuela ou nous resterons jusqu'en 2021. En octobre de la même année, nous décidons de partir vers la Guyane française. S’en suit une année difficile où nous vivons à 4 dans une chambre d’hôtel et où notre quotidien est rythmé par l’insécurité liée au racisme. En décembre 2022, après l’obtention de nos papiers en Guyane, nous arrivons à Saint-Nazaire sans logement, sans travail ni projet pour la scolarisation des enfants. Nous rencontrons alors rapidement une assistante sociale qui permet aux enfants d’entrer à l’école dès le mois de janvier et nous découvrons la Fraternité de Saint-Nazaire. Grâce au soutien reçu, nous bénéficions d’une aide et d’un appui auprès du 115 pour être hébergés en hôtel. Mon mari travaille alors pendant 7 mois, ce qui nous permet de constituer un dossier de demande de logement social. De mon côté, je deviens bénévole à la Fraternité où je prépare les petits déjeuners et aide à la vaisselle. Je participe également, deux fois par semaine, aux cours de français proposés par la Frat’. Un an après notre demande, nous obtenons un logement social qui nous permet de passer Noël dans notre nouvel appartement. Quel bonheur ! Après ce parcours mouvementé, nous retrouvons enfin l'apaisement et si notre famille restée en Syrie nous manque parfois, nous sommes heureux de voir nos enfants si épanouis.
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Priscilla Roux, bénéficiaire de la Fraternité de La Rochelle
“Mon expérience m’a permis d’acquérir cette volonté de persévérance qui a forgé mon caractère et m’a toujours permis d’avancer.”
Ma vie professionnelle a débuté dans le secteur du service à la personne comme auxiliaire de vie dans un CCAS. À la naissance de mon deuxième enfant, je décide de consacrer mon temps à voir grandir mes enfants, chose que j’avais regretté de ne pouvoir faire suite à la naissance de mon fils. Par la suite, je reprends un travail dans le secteur de l’hôtellerie où j’occupe un poste d’employée d’étage, d’abord dans un petit hôtel puis dans un hôtel 4 étoiles. Tout se passe bien jusqu’au décès de l’un de mes parents qui me fait sombrer pendant près d’un an. C’est grâce à une promesse que j’avais faite que j’ai trouvé la force de me relever et de reprendre mon emploi. En 2020, je décide de me réorienter et je postule à l’un des chantiers d’insertion de La Fraternité de La Rochelle où je travaille dans un premier temps comme agent d’entretien. Assez vite, je me rends compte que ce n’est pas une place qui me convient, je demande à faire un essai auprès de l’équipe espaces verts. Je signe alors un nouveau contrat d’ouvrière polyvalente et intègre une formation d’ouvrière du paysage pour lequel j’obtiens mon diplôme en 2022. Quelques mois plus tard, je décroche un poste d’assistante technique, pédagogique et sociale. Actuellement, je suis une formation d’encadrante technique et j’accompagne une équipe d’une dizaine de salariés sur les chantiers d’espaces verts. Je suis fière d’avoir réussi à me faire une place parmi eux. Nous sommes tous différents, avec nos forces, nos valeurs, nos qualités et nos défauts et mon expérience m’a permis d’acquérir cette volonté de persévérance qui a forgé mon caractère et m’a toujours permis d’avancer.
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Zina Alhalak, bénévole à la Maison Ouverte Montreuil
“La Maison Ouverte n'est pas juste une association, c'est une famille accueillante offrant aux individus la chance de mener une vie pleine de sens et de solidarité.”
Je suis née en 1974, à Damas, en Syrie. Formée à l’Institut supérieur d’art dramatique de Damas, je deviens actrice, coach de théâtre et metteuse en scène reconnue. J’interprète alors de nombreux rôles au cinéma, à la télévision et au théâtre. Militante active contre le régime de mon pays, je dois fuir la répression politique qui y sévit. Je trouve refuge en Tunisie où je partage mon expertise en enseignant la pratique théâtrale. En 2014, je franchis une nouvelle étape en tant que metteuse en scène avec ma pièce "Corps à Corps", présentée au El Teatro à Tunis. En 2017, j’arrive en France, où je poursuis ma carrière artistique en participant à divers projets, tout en apprenant le français. Je joue et mets en scène "La Fenêtre", une pièce écrite par Abdulmajeed Haydar, présentée lors du festival 18/18,le festival des artistes en exil en France. En 2019, je fais partie de la distribution de "Disparu·e·s" de Judith Depaule, présentée dans le cadre du festival "Visions d'exil". Je joue également un rôle dans la série "Pas en préfecture", diffusée sur la chaîne de "7 rue du rendez-vous" en partenariat avec la direction générale des étrangers en France. Parallèlement à ma carrière d'actrice et de metteuse en scène, je deviens la première comédienne à donner des cours de théâtre en langue arabe à l'Institut du monde arabe à Paris. Forte de dix années d'expérience dans la formation théâtrale, je continue de transmettre ma passion et mon savoir-faire à de nombreux amateurs de théâtre, contribuant ainsi à promouvoir la richesse de la culture théâtrale en France. Depuis 2018, je vis et m'engage activement au sein de La Maison Ouverte. J’y ai trouvé une véritable famille où l'accueil et l'engagement sont au cœur de tout. Grâce à cet accueil au sein de la Maison Ouverte, j’ai pu m'intégrer plus rapidement dans la société française et comprendre la signification du volontariat. La Maison Ouverte n'est pas juste une association, c'est une famille accueillante offrant aux individus la chance de mener une vie pleine de sens et de solidarité.
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Alice, bénévole au Foyer de Grenelle
“Se faire une place parmi les hommes comporte pour moi tout un tas d'épreuves qu'une profonde détermination m'a permis de surmonter jusque-là”
Je m'appelle Alice, j'ai 22 ans et je suis bénévole au petit déjeuner du Foyer de Grenelle, une fois par semaine. J'ai côtoyé le Foyer de Grenelle pour la première fois il y a deux ans dans le cadre de mon service civique de 6 mois au pôle senior de l'association, après avoir arrêté ma licence de physique. Aujourd’hui, je suis aussi apprentie ébéniste. Entre science dure et artisanat, j'ai toujours évolué dans des milieux majoritairement masculins. Harcèlement sexuel à l'université, sexisme et profond mépris sur les chantiers, se faire une place parmi les hommes comporte pour moi tout un tas d'épreuves qu'une profonde détermination m'a permis de surmonter jusque-là. La plus ardue en ce qui me concerne ne vient pas directement des hommes : c'est le syndrome de l'imposteur, que je partage avec la quasi-totalité de mes amies femmes dans ces milieux. Difficile de se sentir légitimes et talentueuses, de sentir que l'on mérite sa place là où beaucoup nous en croient a priori incapables. Outre les rencontres malencontreuses, il en est certaines qui suffisent à me permettre de m'épanouir et de gagner confiance en mes capacités. Mon patron actuel, rencontré via une bénévole du foyer, a toujours à cœur de m'encourager et de valider mon travail. Mon école se bat activement pour l'inclusion de tous et leurs efforts s'en ressentent depuis leur pédagogie jusqu'aux protections hygiéniques distribuées gratuitement dans les toilettes (parfois, il suffit de peu pour se sentir bienvenue). Dans mon métier, les "anciens" ne sont souvent pas les plus tendres et plutôt que de s'en aigrir, nous cherchons, mes camarades et moi, à devenir une meilleure génération en apprenant à nous respecter au travail, à respecter nos propres limites et celles des autres et à refuser le maltraitement, qui est loin de ne concerner que les femmes.
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Odette Sarkis, employée à la Fraternité de Trappes
“Malgré les difficultés, qui sont nombreuses, je suis heureuse de vivre en France, car c’est un pays qui respecte les droits et qui me permet d’offrir de bonnes études à mon fils.”
Je m’appelle Odette Sarkis. J’ai 54 ans et je viens du Liban où j’ai vécu jusqu’en 2019. Là-bas je travaillais comme assistante de direction dans une entreprise d’Import-Export. En 2019, j’ai quitté ma famille, mon travail, mon pays, pour venir rejoindre mon mari qui travaillait en France et y élever notre fils. Nous avons vécu ensemble pendant 5 ans avant de nous séparer il y a un an environ. J’ai obtenu un appartement à Trappes où je vis seule avec mon fils de 7 ans. J’ai commencé à travailler sur les marchés, puis j’ai trouvé un emploi d’agent d’entretien dans plusieurs associations dont la Frat’ de Trappes. Ça a été difficile de passer d’un emploi de bureau reconnu à un emploi de femme de ménage qui est peu reconnu. C’est un métier difficile et fatigant, mais malgré les difficultés j’y trouve une certaine satisfaction : il me permet de rencontrer des gens bienveillants qui apprécient la qualité de mon travail, et de gérer mon emploi du temps comme je le souhaite pour être pleinement disponible pour mon fils. Même si j’avais déjà un peu appris le français au Liban, je le parlais très peu. J’ai fait beaucoup de progrès en français depuis que je vis ici, mais cela me demande encore beaucoup d’effort pour le comprendre et le parler correctement. Ce barrage de la langue contribue à me maintenir isolée, m’empêche de faire beaucoup de choses et m'handicape dans mon quotidien. Heureusement, j’ai reçu du soutien de plusieurs personnes quand j’en avais besoin : le maire de Trappes, l’assistante sociale qui me suit… Malgré les difficultés, qui sont nombreuses, et même si je regrette le travail que j’avais au Liban, je suis heureuse de vivre en France, car c’est un pays qui respecte les droits et qui me permet d’offrir de bonnes études à mon fils.
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Rozenn Le Pabic, directrice de la Fraternité de Nantes
“La Frat’ est une ruche où la mixité sociale est une réalité et où l’engagement des uns et des autres se confirme chaque jour.”
Je suis originaire du Morbihan où j’ai grandi. Je suis arrivée sur Nantes à l’adolescence, il y a donc quelques années déjà ! Je suis éducatrice spécialisée de formation puis j’ai passé, quelques années plus tard, un master et un diplôme supérieur en travail social. J’ai travaillé à l’étranger, au Sénégal pendant 5 ans sur un programme d’accueil des enfants des rues, à la Réunion pendant 2 ans en protection de l’enfance puis en Guyane durant 5 ans, sur un programme de lutte contre le VIH et de prévention du suicide en milieu autochtone. Avant d’arriver à la Frat’, j’ai également travaillé à l’association TRAJET pendant 7 ans en tant que directrice adjointe en charge de la gestion des chantiers d’insertion. En septembre 2023, je suis devenue directrice des Œuvres sociales de la Fraternité de Nantes. J’ai été très bien accueillie par tout le monde. Ce qui m’a surprise, c'est le nombre de personnes que j’ai déjà eu l’occasion de croiser ! Bénévoles, salariés, partenaires, bénéficiaires… La Frat’ est une ruche où la mixité sociale est une réalité et où l’engagement des uns et des autres se confirme chaque jour. Depuis mon arrivée, je prends le temps d’échanger avec les référent·es d’activité pour m’imprégner du fonctionnement associatif et des besoins. J’ai pour mission principale d’accompagner l’association dans son évolution que ce soit au niveau du foyer que des activités génériques de la Frat’. Comme beaucoup de structures associatives, la Frat’ a un modèle économique fragile et doit évoluer. L’enjeu est de le faire sans qu’elle perde son identité, ses valeurs et sa singularité. Donc au-delà de la gestion quotidienne de l’association et de ses activités, je travaille en 2024 sur cette évolution nécessaire.
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Laetitia Bastien, directrice de la Maison Verte
“J'ai fait l'expérience d'un employeur bienveillant et soutenant.”
Le 8 mars est aussi le jour qui a vu naître ma maman, une femme forte et ô combien coquette ! Et c'est en la copiant que moi aussi, je suis devenue apprêtée. Mais à 19 ans, un drôle de mal commence à me ronger : on me diagnostique un rhumatisme inflammatoire. Plus de talons hauts, je dois marcher des béquilles et m'habiller confortablement. Avec un traitement, les choses rentrent dans l'ordre... Jusqu'à mes 25 ans : je suis en échec thérapeutique. Qu'en sera t-il de ma vie de femme ? Contre toute attente, je retrouve une santé acceptable grâce à un nouveau traitement. Je vais tellement mieux qu'alors que je suis enceinte, tout mon entourage croit que je suis miraculeusement guérie. Mais ce n'était que le calme avant la tempête. Un mois après mon accouchement, je souffre énormément et dois subir une lourde opération. Les équipes de la Maison Verte m'ont énormément soutenue pour assurer le bon fonctionnement de la Frat' pendant que j'étais absente, et nous ont même apporté un vrai soutien personnel et moral à ma famille et à moi. J'ai alors fait l'expérience d'un employeur bienveillant et soutenant. Aujourd'hui, je peux dire que cette opération a été un succès. Et en ce 8 mars je dois humblement rendre hommage à toutes ces femmes qui m'ont portée à bout de bras depuis le début de la maladie. Ma mère, ma sœur, mes amies, les soeurs de l'église, ma rhumatologue, la chirurgienne. Les femmes de la Maison Verte ont été un vrai soutien. Aucune résilience n'aurait été possible sans leur présence. La question de la féminité à travers le prisme de la maladie ne se pose plus pour moi. Ce n'est pas une paire de talons aiguilles qui fait de moi une femme. Les talons et la démarche chaloupée, j'en ai fait le deuil. J'ai aussi accepté de boiter avec grâce et élégance. Il n'y a pas un modèle de femme, il y en a plein. Certaines sont perchées sur de magnifiques talons hauts, d'autres sont habillées en jogging, certaines sont en fauteuil roulant, d'autres ont le crâne rasé. Mais toutes sont des femmes et toutes sont belles.
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