Yves Ehrmann, un Évangile engagé
Le le 21 avril 2021, Yves Ehrmann, ancien équipier pasteur de la Mission populaire, est décédé à l’âge de 82 ans. Un parcours qui dit tout une période d’engagement du protestantisme.
Yves Ehrmann, né le 6 mai 1939 grandit à Lyon, fait parti des éclaireurs, avant que la famille rejoigne le pays de Montbéliard. Il est adolescent quand éclate l’affaire Mathiot (voir encadré). Le pasteur Étienne Mathiot est l’aumônier de son lycée. « A l’époque, se souvient son frère Bruno, l’histoire divisait les paroisses. Nous, nous étions pour Mathiot. Cela nous a beaucoup marqué Yves et moi ».
Yves Erhmann rejoint la Faculté de Paris, en pleine période d’engagement des étudiants dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie autours de Georges Casalis, théologien très engagé à gauche, certains faisant des tours de garde devant sa maison, en raison des menaces de l’OAS contre lui. Yves avait été très frappé par la répression contre les Algériens du 17 octobre 1961 à laquelle il avait assisté. Alors que la génération d’après-guerre avait surtout été influencée par une lecture orthodoxe de Karl Barth, la génération d’Yves découvre des lectures plus à gauche de Barth (portées en particulier par Casalis), mais aussi des théologiens qui bousculent les conceptions dominantes comme Rudolf Bultmann ou Dietrich Bonhoeffer.
Arcueil
A la sortie de ses études de théologie, après deux ans au Congo-Brazzaville, il rejoint la Fraternité d’Arcueil. Il s’est marié avec Claire Hérubel, fille de Marc Hérubel, lui-même ancien pasteur de la Mission populaire à Rouen dans les années 50, considéré comme très à gauche. Est-ce la rencontre avec son beau-père qui le fait rentrer à la Mission populaire ? Où parce qu’à Arcueil, il succède à… Étienne Mathiot qui a quitté la Frat en 1966 ? Il va rester 14 ans à Arcueil. A la fin des années 1970, il s’engage avec la Fraternité dans plusieurs luttes du quartier. Il soutient – avec succès – les habitants d’une cité-jardin menacée de destruction. En revanche, ils n’arrivent pas à s’opposer à la construction d’un échangeur autoroutier qui coupe le quartier en deux.
A Arcueil, il s’engage pour l’Amérique latine, engagement qu’il continue à la Maison Verte (Paris 18e) où il succède à Charly Hedrich comme pasteur. Puis, au début des années 90, il retourne à l’ERF à Aulnay puis Sarcelles qui sera son dernier poste avant la retraite.
L’affaire Mathiot
En novembre 1957, le pasteur Étienne Mathiot héberge illégalement chez lui un indépendantiste algérien de la région de Belfort, Salah Laouedj dit « Si Ali », citoyen français qui risquait la torture et l’aide à se réfugier en Suisse. Dénoncé, il est arrêté le 9 décembre 1957, avec Francine Rapiné, militante de la Jeunesse étudiante chrétienne. Les 7 et 9 mars 1958 ils sont jugés à Besançon, inculpés d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État. Le pasteur Étienne Mathiot est libéré au bout de huit mois d’emprisonnement, le 7 juin 1958. De 1959 à 1966 il devient pasteur de la Fraternité d’Arcueil de la MPEF.
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